Nouvelles du Projet Caméléon
Rencontre avec Flore et Fabian Cantaert, le couple de « parrains scouts » du Projet Caméléon.
La rédaction du Lien.net:Pourquoi avez-vous accepté de devenir les parrains de cette famille syrienne?
Les Cantaert: Fin décembre 2017 , préoccupés comme beaucoup d’entre nous , par l’arrivée de réfugiés dans notre pays, nous nous sommes questionnés sur notre possibilité d’agir par rapport à cette problématique. Bien au courant, entre autre du mouvement citoyen déployé autour du parc Maximilien, nous avions imaginé accueillir un ou plusieurs réfugiés à la maison. Nous en avions parlé avec les enfants mais le temps a passé sans réalisation concrète. La demande de l’unité pour parrainer une famille nous est parvenue durant ce temps de réflexion. Cette participation nous paraissait plus envisageable et déjà très aboutie. Les enfants se sont intéressés au projet et se sont déclarés partants pour tenter de jouer un rôle face à cette problématique . Accueillir une famille avec des enfants dans le village, dans les écoles et dans l’unité : une chouette manière de contribuer à l’accueil d’autrui!
Comment cette démarche a-t-elle été perçue par Maëlle et Loïc?
Dans un premier temps, Loïc et Maëlle étaient un peu réticents puis, une fois mieux informés, ils étaient partants pour l’aventure. Ils soutiennent ce projet …. en imaginant accueillir une grande famille avec plusieurs jeunes enfants dont eux aussi seraient les «parrains, marraines». Loïc et Maëlle ont eu un petit moment de déception lorsque nous avons appris que la famille Mokaybehr comptait cinq enfants , dont le plus jeune a…17 ans!
Nous avons également eu de beaux moments de rencontres avec Élodie , Marine et Basile, du projet Caméléon .
En effet, cela comptait pour nous de ne pas être complètement seuls dans cette aventure .
Comment s’est déroulée la préparation de leur venue?
D’abord un investissement très pratico-pratique …. Il fallait entièrement meubler une grande maison remise à neuf.
Caméléon a une bonne expérience dans ce domaine. Un appel sur les réseaux sociaux et via Lelien.net fut une véritable réussite. En une semaine et un samedi «portes ouvertes» , la maison a été comblée de tout ce qu’il faut pour accueillir dignement une famille …. Draps, vaisselles, rideaux, meubles ,lits ,ustensiles de jardins, etc…
Ce fut un moment intense car nous avons été très touchés par la mobilisation de tous. Nous n’oublierons jamais ce beau moment de générosité citoyenne.
Et le jour J, comment s’est passée leur arrivée? Comment avez-vous vécu les premiers contacts?
Quelques jours avant l’arrivée de la famille Mokaybehr, la maison appartenant à l’association Paroissiale a été bénie par Monsieur le Curé.
Ce fut l’occasion pour nous de rencontrer, entre autre, Roxane de l’association Convivial, qui connait la famille depuis un an. Elle est et reste présente et active pour la famille, pendant en tous cas encore un an. Elle est un relais précieux entre la famille, le CPAS, la Commune et nous. De plus et non des moindres, elle parle arabe …
Parce qu’en fait le plus complexe dans l’histoire, encore aujourd’hui, c’est de tenter de se comprendre. Malgré l’utilisation de moyens technologiques modernes tels que Google traduction et l’apprentissage progressif du français par les filles de la famille Mokaybehr, la communication n’est pas toujours aisée.
Heureusement, nous avons également fait la connaissance de Jean-Claude Flémal, avec qui nous formons équipe pour être le plus présents et disponibles possible.
Pouvez-vous nous dire quelques mots de leur histoire? Pourquoi ont-ils dû quitter la Syrie?
Nous savons que la famille a quitté la Syrie en guerre il y a presque cinq ans. Madame avait été fortement blessée et amputée d’une jambe.
Monsieur Mokaybehr accompagnée de sa sœur , Madame Mokaybehr et leurs cinq enfants ont transité par le Liban et ont été ensuite accueillis en Belgique. Ils ont été pris en charge par le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés) et ont été logés temporairement dans un petit village loin esseulé, près de la frontière Française .
Avez-vous été surpris ou étonnés par certaines choses?
Nous sommes admiratifs du sens de l’accueil et de l’hospitalité de la famille Mokabeyr. Nous leur avons rapidement proposé d’organiser un repas, pour eux, avec tous les acteurs et d’autres réfugiés de Rebecq ….. Nous avons constaté qu’il semblait important pour eux de d’abord nous inviter eux-mêmes, chez eux !
Ce fut un moment inoubliable, y compris pour Loïc et Maëlle. Nous avons été reçus, dans un premier temps dans des lieux distincts pour les hommes et pour les femmes. Ensuite, nous avons partagé un véritable festin tous ensemble , tout en essayant de faire connaissance .
Les filles parlent un peu le français. Le reste de la famille ne parle pas, mais on essaie de se comprendre …. maintenant qu’ils ont le WI-FI , enfin…. ils utilisent parfois Google traduction.
Comment vont-ils, maintenant, après deux mois de vie à Rebecq?
Nos premières rencontres se sont faites via d’abord l’une ou l’autre démarche à la commune et à l’école , une visite à La Donnerie , et ensuite des RDV médicaux pour toute la famille , en passant par le ALDI, ou Liddle de Tubize …. C’est un bon et sympathique prétexte à la rencontre.
Les visites du vendredi matin sont fréquentes. J’y croise d’ailleurs fréquemment Jean-Claude qui a pris en charge tout le volet administratif. Nous élargissons les rencontres avec les voisins et autres habitants de Rebecq .
Je pense que la famille va bien …. mais peuvent- ils – culturellement (?) – dire le contraire de «Tout va bien Flore , merci» ? .
Et vous, quelles sont vos impressions après deux mois d’apprivoisement réciproque?
Nos impressions sont très positives et parfois émues . Quel déchirement cela doit être d’être déraciné de ses proches, de sa famille ,de ses amis, de son travail, de sa maison, de sa culture, de sa langue … Quel courage ils doivent avoir pour tout recommencer à zéro, et cela pour au moins la troisième fois…. Et pourtant, en trois mois à peine , nous trouvons qu’ils se débrouillent vachement bien : ils circulent pas mal dans le village et dans le pays…. ils en veulent ….. Et puis, il ne se passe pas une semaine sans que nous ne passions chez les Mokaybehr . Maëlle les voit souvent depuis la cour de l’école , Loïc lorsqu’il passe en vélo dans le village ou même dans le bus en allant à Soignies . Toufik (le papa) est venu chez nous l’autre jour …. nous avons partagé et échangés nos savoirs concernant le maraichage et jardinage . Il faut continuer à créer du lien et élargir les rencontres …. Ils sont preneurs et hyper accueillants. La maman c’est Hayat , la tante Hallima , les filles Haphiza et Gadir et les garçons Obada , Mohamed et Bilal.
N’hésitez pas à aller à leur rencontre. Ils en valent la peine !
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D’autres infos sur le site de la paroisse: http://paroissesaintgeryrebecq.be/2018/02/24/accueil-dune-famille-syrienne-de-refugies/